Le téléphone portable
"peut-être" cancérigène
Les ondes radio des téléphones portables sont «peut-être cancérigènes» selon une nouvelle classification de l'Organisation mondiale de la santé.
Les ondes de téléphone portable sont-elles nocives ?
Le doute, déjà présent chez nombre de personnes, ne devrait que grandir, après la déclaration des cancérologues de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Un groupe international de 31 spécialistes, réuni au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a placé le téléphone portable sur la liste des produits «potentiellement cancérigènes».
Ces éminents cancérologues, venus d’une quinzaine de pays et réunis en congrès à Lyon pour huit jours, ont analysé toutes les études existantes, avant de rendre leur avis.
«Le groupe de travail a fondé cette classification (...) sur des études épidémiologiques montrant un risque accru de gliome (un cancer malin du cerveau), associé avec l'usage du téléphone sans fil», a indiqué dans un communiqué le président des travaux, Jonathan Samet.
Le document de l’OMS précise que le risque de gliome n’est pas quantifiable, mais cite toutefois une étude estimant qu’il augmente de 40% pour les utilisateurs importants – soit au bout de dix ans d’utilisation de son portable plus d’une demi-heure par jour.
«Les preuves, qui continuent à s'accumuler, sont assez fortes pour justifier une classification au niveau 2b», précise-t-il, ce qui signifie d’autre part qu’aucune preuve formelle n'établit le lien formel entre l'utilisation des mobiles et cette forme de tumeur au cerveau.
Ce niveau 2 b, la catégorie des éléments «pouvant être cancérigène», contient également le café, les vapeurs d’essence, certains solvants de pressing, le plomb, la laine de verre, ou le chloroforme.
Les experts ont ainsi jugé que davantage de recherches devaient être faites pour donner une réponse.
Cette classification du CIRC signifie en somme qu'«il peut y avoir un risque, et que donc nous devons surveiller de près le lien entre les téléphones portables et le risque de cancer».
Une «reconnaissance» pour les associations, un «peut-être» pour les industriels
Et c’est évidemment ce «peut-être» de l’avis des cancérologues, que les industriels du secteur ont retenus.
Dans un communiqué, la Fédération française des télécoms a dit prendre acte de la décision, tout soulignant qu’«en choisissant 2b, le CIRC indique que le lien entre cancer et ondes radio n’est pas démontré».
«Les ondes radio n’ont pas la même classification que, par exemple, l’alcool, le tabac et l’amiante (catégorie 1)», continue le communiqué de la FFTélécoms, ni même probable (catégorie 2a) comme par exemple, le trichloréthylène et les fumées des moteurs diesel.
Son homologue américain, le CTIA – The Wireless, va plus loin en contestant la fiabilité des études, comme la crédibilité de la catégorie.
Redouté par les compagnies de téléphone mobile, cet avis était attendu avec impatience par les associations, qui dénoncent la présumée dangerosité des portables.
Invitée sur Europe 1 mercredi, Janine Le Calvez, présidente de Priartem (Pour une réglementation des implantations d'antenne relais de téléphonie mobile), s'est réjouie de la «reconnaissance du risque» cancérigène des téléphones portables.
C'est «un signal d’alerte aux politiques», a-t-elle estimé.
Avec le téléphone portable, on est face «à un risque émergent».
«On a très peu de recul par rapport à une utilisation massive».
Téléphone portable : "un signal d'alerte" par Europe1frInterview de Guillaume Cahour, sur Europe 1 Janine Le Calvez demande par ailleurs "un changement des normes de puissance des appareils", qui sont actuellement "à 2 watts par kilo", afin que ces normes soient plus basses.
Enquête réalisée par Clément Mathieu