Cancers de l’enfant - 70% de guérisons grâce aux dernières avancées !
Lors du dernier Congrès d’oncologie pédiatrique à Bombay, les résultats encourageants des traitement anticancéreux chez l’enfant ont été exposés.
Le Dr Dominique Valteau-Couanet, oncologue pédiatre à l’Institut Gustave-Roussy, nous les commente.
Actuellement, quels cancers surviennent le plus souvent chez les enfants et les adolescents ? Dr Dominique Valteau-Couanet Heureusement, comparativement à ceux de l’adulte, ils sont peu fréquents.
En France, on recense 1 800 à 2 000 nouveaux cas par an.
Mais chez les enfants, cette maladie reste tout de même la deuxième cause de mortalité après les accidents.
Parmi ces cancers :
- un tiers sont des tumeurs cérébrales,
- un tiers d’autres tumeurs solides (dont des neuroblastomes, les plus fréquents, qui atteignent les glandes surrénales et les ganglions, des cancers du système nerveux symphatique, des tumeurs du rein et osseuses)
- et un dernier tiers sont des leucémies.
Aujourd’hui, parmi tous ces cancers, lesquels parvient-on à guérir ? Dr D.V.-C. Il faut savoir que, dans l’ensemble, 70 % de ces petits malades guérissent !
En fait, nous classons les cancers de l’enfant en trois catégories.
- 1
Ceux que nous parvenons, dans leur immense majorité, à guérir avec des traitements peu agressifs, permettant aux malades de conserver une bonne qualité de vie et, chose très importante, sans séquelles après la guérison.
Ce sont, par exemple, les lymphomes, les tumeurs du rein (même métastatiques), les neuroblastomes localisés.
- 2
Les cancers dont les taux de guérison sont importants, mais au prix d’un traitement lourd, avec éventuellement des séquelles à long terme, telles les tumeurs osseuses qui nécessitent souvent la pose de prothèse.
- 3
Ceux où l’on obtient encore un taux insuffisant de guérison : les neuroblastomes, les tumeurs musculaires métastatiques, certaines tumeurs cérébrales ; ces dernières, même guéries, posent un problème d’altération de la qualité de vie une fois les enfants parvenus à l’âge adulte.
Des lésions dues à la tumeur mais aussi aux traitements nécessaires à la guérison, comme la radiothérapie, peuvent entraîner des séquelles.
Quelles différences existe-t-il entre les cancers de l’adulte et ceux de l’enfant ? Dr D.V.-C. Chez l’adulte, le cancer est d’abord localisé puis, sans traitement, évolue souvent très lentement vers un stade métastatique.
Chez l’enfant, les différents types de cancer surviennent d’emblée, soit localisés et le restent, soit métastatiques.
D’autre part, chez l’enfant, le processus cancéreux se développe à toute allure, beaucoup plus vite que chez l’adulte, d’où l’impossibilité d’une politique de dépistage !
Quelles ont été les dernières grandes avancées dans la prise en charge des cancers de l’enfant et de l’adolescent ? Dr D.V.-C. Le traitement du lymphome a bénéficié de progrès importants.
Les nouveaux protocoles de chimiothérapie (avec diminution des doses de cyclophosphamide et de la durée du traitement) sont aujourd’hui beaucoup moins agressifs et aboutissent à un taux très élevé de guérison (90 %), tout en permettant une bonne qualité de vie.
Chez les garçons, le risque de stérilité après le traitement a presque totalement disparu.
Autre avancée : en ce qui concerne les tumeurs cérébrales, on parvient désormais à guérir des enfants de moins de 5 ans uniquement par chimiothérapie, ce qui limite les risques d’effets secondaires de la radiothérapie sur les capacités d’apprentissage.
Dans quels cas ces enfants malades ont-ils besoin de l’aide d’un psychothérapeute ? Dr D.V.-C. La survenue d’un cancer entraîne toujours une grande déstabilisation, non seulement pour l’enfant mais aussi pour ses parents et sa fratrie.
Il est souvent nécessaire de mettre en place un soutien pour l’ensemble de la famille. Ainsi, dans notre propre service, un psychiatre et un psychologue sont disponibles à tout moment, après le choc de l’annonce et, ensuite, durant la période du traitement.
Quelle va être la prochaine étape de cette aide aux familles ? Dr D.V.-C. On étudie actuellement la mise en place de réseaux de soins qui permettront à l’enfant d’être traité à proximité de son domicile, dans une unité médicale en lien étroit avec un centre de référence de cancérologie.
Il va falloir aussi renforcer la recherche clinique.
De nombreuses équipes travaillent sur la mise au point de nouveaux médicaments anticancéreux.
Dans ce domaine, les travaux s’effectuent à deux niveaux :
- sur la nature même des tumeurs, par des recherches au niveau des gènes,
- et sur des traitements ciblés, avec des anticorps monoclonaux qui visent à détruire uniquement les cellules cancéreuses tout en préservant les cellules saines, ce qui n’est pas le cas des chimiothérapies
Source de l'info : http://www.parismatch.com/Actu-Match/Sante/Actu/Cancers-de-l-enfant-70-de-guerisons-grace-aux-dernieres-avancees-!-70376/
Entretien réalisé par Sabine de la Brosse